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L'enfant et son développement

Base scientifique: 

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Très tôt le bébé est capable de faire la différence entre un familier et un étranger : il va davantage sourire et gazouiller à ses parents.  Les sourires et vocalises nous indiquent un bon développement. Grâce à la prévisibilité et à la proximité, le bébé a développé une mémoire des visages. C’est une façon de construire la permanence de l’objet. Il est capable de ressentir le plaisir et de reproduire les sons et les mimiques qui font durer la relation grâce à ses talents et aux réactions habituelles du parent.

Trousse de voyage au cœur de l’attachement

Jeanne ROY

en collaboration avec un comité de co-construction. Carnet 1, p. 16

J’ai choisi la Trousse parce qu’elle représente les connaissances, les expériences que j’ai accumulées depuis plus de 30 ans dans le domaine de la petite enfance et parce qu’elle a été réalisée en collaboration avec des femmes de différents milieux professionnels.

 

Aussi ce choix est motivé par le fait qu’elle met de l’avant l’importance de comprendre l’enfant dans sa spécificité qui se transforme avec le développement. Elle nous invite à un voyage, celui d’un être humain qui débute sa vie dans le ventre de sa mère et ce, jusqu’à l’âge de 5 ans.

La Trousse nous donne la possibilité de parcourir avec l’enfant ses sentiers, comment il y circule et qu’est-ce qui l’intéresse. Elle nous offre plusieurs points de vue pour l’accompagner en toute sécurité dans ses vallées, ses plateaux et ses sommets. Voici ces points de vue :

Phases et comportements d’attachement

La construction du lien est mise en lumière, lequel se développe sur un continuum composé de 4 phases de l’attachement (démarrage, émergence, attachement privilégié et attachement coopération). Les besoins de proximité et d’exploration sont examinés attentivement pour toutes ces phases et les comportements d’attachement sont nommés dans toute leur beauté et leur force.

Les comportements d’attachement de l’enfant sont des moyens relationnels pour signaler à l’adulte ses malaises ( je ne me sens pas bien, j’ai besoin de toi ) et son bien-être (je me sens compris, je me détends grâce à toi).  Ils sont illustrés de telle façon que les adultes prennent davantage conscience de leur valeur et de l’importance d’en prendre soin. Quelques exemples : La succion du pouce, outil naturel pour s’apaiser, en attendant l’arrivée de l’adulte; les pleurs pour se confier et éprouver les bienfaits de la consolation; l’agrippement pour prendre des bouts de maman-papa et diminuer le stress; le contact visuel pour se relier et ressentir la quiétude; suivre et poursuivre pour s’orienter et se ressourcer.

Ces comportements d’attachement font partie du bagage inné de l’enfant.  À chaque fois qu’il s’en sert et qu’il est compris, il se sent compétent et confiant pour continuer son exploration. La Trousse nous fait voir comment l’attachement et le développement sont indissociables. Elle s’éloigne de la conception de l’enfant vu sous l’angle de dimensions séparées et détachées de son parcours. Par son optique attachement-développement, elle vise à connaître et reconnaître l’enfant dans son intégrité.

Les besoins

Les êtres humains ont des besoins fondamentaux et leur satisfaction est essentielle à leur croissance, leur intégrité et leur bien-être. La trousse fait une grande place aux besoins de l’enfant et de l’adulte, et les présentent de façon concrète. Quelques exemples :

Le bébé a besoin d’attention et le parent a besoin de prendre le temps, l’enfant et le parent ont besoin de reconnaissance, l’enfant a besoin de s’affirmer et le parent a besoin de se sentir compétent, l’enfant a besoin d’explorer qui il est dans son enfance, le parent a besoin d’explorer qui il est dans sa parentalité et tous les 2 ont besoin d’être soutenus.

La dépendance, première saison de l’être humain 

La dépendance du jeune enfant est présenté comme un temps nécessaire. Il a besoin de vivre cette dépendance pour développer un sentiment de sécurité et cheminer vers l’autonomie.

En ce qui a trait à l’autonomie, elle est décrite comme la capacité à être en syntonie avec ses besoins et émotions, la capacité à établir des frontières appropriées, à dire non, à mettre des limites, et la capacité de dire ce qu’on pense sans culpabilité ni peur. La Trousse parle d’autonomie relationnelle : être vrai dans le respect de soi et des autres.

Les enjeux de la continuité sensorielle pré et postnatale

La Trousse nous plonge dans le monde intra-utérin et nous fait découvrir les sens en développement et leur continuité dans le monde extra-utérin. La peau est l’organe sensoriel le plus important du corps et en prendre soin, lui rappelle les massages utérins et lui fait vivre la sensation d’exister.  Les mouvements du bébé et de maman émettent des vibrations (liquide amniotique), et au dehors, l’enfant distingue ses mouvements et ceux de sa mère. Les odeurs sont perçues in-utéro et bébé a besoin de retrouver l’odeur de sa mère. Bébé goûte aux saveurs de sa mère et le lait maternel correspond à ses goûts. Bébé entend par l’oreille et la peau (vibrations du corps associées aux émissions vocales). Au dehors, il a besoin de la voix de sa mère, de son cœur et de sa peau pour ressentir ce qu’il a déjà vécu. Bébé est sensible à la lumière, son cœur s’accélère. Au dehors, il est ultra-sensible aux yeux et au visage de maman et papa. La Trousse nous enseigne quelque chose de simple mais génial : tout ce qui a fait du bien au bébé dans le ventre de sa mère, lui fait du bien à l’extérieur. Le familier agréable rassure.

Les enjeux psychosociaux d’Erikson 

Selon Erikson, tout au long de sa vie, l’être humain doit composer avec 2 tendances développementales. La Trousse mentionne les premiers enjeux soit la confiance ou la méfiance (0-18 mois); l’autonomie ou le doute et la honte (18-36 mois) et l’initiative ou la culpabilité (3-5 ans). L’enfant acquiert ces manières d’être à partir de qui il est et des interactions avec son parent. Erikson parle de force adaptative. Et quand la tendance se trouve du côté positif, la confiance crée l’espoir; l’autonomie favorise la volonté et l’initiative donne la capacité de se fixer des buts.

Erikson nous fait mieux comprendre le sentiment de culpabilité. À l’étape de l’initiative, l’enfant va faire plusieurs expériences parce qu’il veut voir « comment ça marche ». Cette activité intense entraîne des essais-erreurs. L’enfant puni ou critiqué développe une culpabilité paralysante. L’enfant compris dans ses initiatives apprend plus facilement à composer avec le sentiment de culpabilité. Il peut progressivement y faire face car son parent accueille la frustration ou la peine, et laisse le temps à l’enfant de voir par lui-même comment il peut réparer. L’enfant garde son esprit d’initiative et se responsabilise peu à peu.

 

Les points forts de Brazelton

Les points forts sont des moments prévisibles associés à de nouvelles acquisitions. Celles-ci apportent à l’enfant un certain déséquilibre sur la plan somatique ou psychique. L’enfant et parents sont en perte de repères, ce qui peut entraîner un stress nuisible ou encore un stress-défi. La connaissance de ces points forts permet de mieux appréhender ce qui s’en vient, ce qui est là, les régressions possibles et les temps de repos nécessaires. Les temps forts nous font voir l’énergie et la force de l’enfant dans son désir de grandir.

Imaginez un enfant âgé de 15 mois. Sur le plan de l’attachement, il privilégie maman et papa et pour lui, ses personnes sont irremplaçables. L’enfant ressent un besoin très grand de proximité et en même temps, un besoin très grand de les quitter pour explorer. L’enfant a juste 15 mois et doit résoudre ce « dilemme ». L’enfant dans une relation sécurisante va « jouer » avec ses 2 besoins. L’image de la maman Kangourou dans la Trousse le montre bien. L’enfant, quand il ne se sent pas bien, se réfugie dans la poche et y reste aussi longtemps qu’il en a besoin.  Et ensuite, hop, il saute pour continuer à découvrir qui il est, qui sont les autres et comment marche le monde, satisfaisant ainsi, son besoin d’exploration.

Les périodes sensibles du développement du cerveau  

La Trousse  nous fait connaître les périodes sensibles en lien avec les points forts. Pour rappel, ces périodes coïncident aux moments où le cerveau est particulièrement prédisposé à vivre telles stimulations ou telles expériences. Il les attend car il en a besoin pour favoriser les connexions et différentes ramifications neuronales. Ces périodes sont souvent comparées à des fenêtres d’opportunités au cours desquelles le cerveau est façonné par les expériences. Le cerveau vit alors une poussée neuronale et l’enfant vit une poussée de croissance. Quelques exemples :

Le 2e mois de vie est une étape importante. Le bébé aime les yeux et le visage, et son cerveau en a besoin (correspond à la myélinisation dans l’aire visuelle du cortex occipital). L’expression émotionnelle du visage de sa mère représente le plus puissant stimulus visuel dans l’environnement de l’enfant, lui offrant « les opportunités » pour développer ses aptitudes sociales et émotionnelles. Vers l’âge de 5-6 ans, si le développement s’est bien passé, une multiplication de circuits neuronaux se produit dans l’aire du cortex orbito-frontal. L’enfant a alors « les opportunités » pour moins réagir corporellement aux émotions et à mieux utiliser sa pensée et son langage.

De belles découvertes 

L'attachement au cœur du développement. Ces deux notions indissociables et elles nous font voir l’enfant dans son intégrité.

 

La Trousse nous rappelle les deux besoins fondamentaux :  le besoin de proximité pour se sentir compris et confiant et le besoin d’exploration pour découvrir et apprendre. Ces 2 besoins satisfaits, l'enfant grandit tout simplement et pleinement.

Pour conclure

Être proche, être lié dans la confiance pour avoir confiance en soi et aux autres, représentent les aspirations profondes de tout enfant. Et les parents partagent le même espoir. Comment comprendre alors l’insécurité, l’anxiété, l’agitation chez beaucoup d’enfants?

 

À la lumière des nombreux écrits sur le développement de l’enfant (les classiques) et les nouvelles connaissances, comment comprendre que les conceptions erronées sur l’enfant et ses besoins soient encore si répandues dans les familles et la société?

 

Il y a urgence d’en prendre conscience et d’agir autrement.       

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