Attachement
Base scientifique:
Neurobiologie
Chaque enfant commence son voyage dans la vie doté d’une multitude de possibilités. On a encore du mal à estimer la quantité faramineuse d’interconnexions disponibles dans son cerveau. Le rôle de l’éducation ne consiste dès lors qu’à offrir à chaque enfant un monde dans lequel il puisse stabiliser le plus grand nombre de ces options, idéalement un environnement dans lequel il prenne plaisir à tout explorer, à tout découvrir, à tout étudier et à tout apprendre. Cet enfant-là ne perdra plus ce qui est inné chez lui : le plaisir de découvrir, l’envie de réaliser, l’ouverture d’esprit et les compétences relationnelles.
Tous les enfants sont doués: comment découvrir les talents de votre enfant
Gerald HÜTHER et Uli HAUSER. p. 78-79
J'ai choisi ce livre car la vision de l’enfant proposée par les auteurs, un neurobiologiste et un journaliste allemands, m'interpelle et alimente ma réflexion : tous les enfants naissent avec un potentiel illimité. Les auteurs nous expliquent tout ce qui se construit quand le petit est dans le ventre maternel et, c’est vraiment fascinant. Les signaux qui proviennent du corps du fœtus organisent les premiers câblages. Par exemple, le bras du fœtus, en se contractant, active un schéma neuronal spécifique et plus le fœtus fait ce mouvement, plus de connexions entre des milliards de cellules neuronales déjà présentes se stabilisent, tandis que d’autres, non utilisées, s’atrophient et disparaissent.
À la naissance, le bébé est capable de mettre son pouce dans la bouche car il a fait l’expérience plusieurs fois dans le ventre de sa mère. Les neurobiologistes de l’évolution nomment ce phénomène « neuroplasticité liée à l’utilisation ou à l’expérience ». Autrement dit, ce sont les expériences, les répétions et les façons de faire qui font le cerveau et non pas la génétique car les gènes contrôlent seulement ce que chaque cellule est capable de faire et non l’interaction entre les cellules.
Les auteurs apportent aussi un éclairage fort intéressant en ce qui concerne la morphologie du corps et le développement du cerveau. Chaque bébé a un corps bien à lui. S’il a des grandes ou des petites mains, des interconnections spécifiques vont se faire. Le cerveau choisit les meilleures connexions parmi des multitudes pour permettre un fonctionnement adapté aux particularités corporelles. Et quand il vient au monde et après, l’enfant va continuer à toucher d’une certaine manière. Et comme la préhension est la première forme de compréhension, sa façon de penser va être influencée par ses manières de saisir. N’est-ce pas captivant?
In utero, bébé vit aussi des expériences émotionnelles en lien avec ce que vit sa mère. Si elle se sent aimé, il le ressent, si elle a peur, il est apeuré, si elle se sent bien, il est dans le bien-être. Le bébé est réellement connecté à sa mère par ses émotions et aussi par son corps. Il la connaît à travers sa respiration, les battements de son cœur, sa voix, son odeur, et la façon de se mouvoir.
Les auteurs résument ainsi les expériences prénatales : le cerveau se développe à partir du corps du bébé et de ce qu’il vit avec sa mère. L’enfant grandit tout en étant relié – croissance et attachement vont de pair. C’est un savoir inconscient inscrit profondément dans la partie archaïque du cerveau. Et ce savoir va influencer ses futurs apprentissages. Comment? Je vais l’aborder un peu plus loin.
Naissance des dons et leur développement
Outre les interconnexions qui émanent du corps et des interactions, les auteurs nous révèlent que les dons ou les talents viennent du plaisir des découvertes, des défis à surmonter et de la capacité à résoudre des problèmes. Quand tout cela se réalise, l’enfant vit de l’enthousiasme et c’est quelque chose de merveilleux pour son cerveau. Et oui, l’enthousiasme est une sorte d’engrais : les cellules nerveuses produisent davantage de protéines pour la croissance de nouveaux prolongements et permettent aussi, la néoformation et la stabilisation de contacts intercellulaires.
Par cette démonstration, nous comprenons mieux pourquoi un enfant apprend si bien quand il vibre d’enthousiasme : ces circuits neuronaux s’activent et créent une abondance de ramifications. Alors, des talents particuliers de l’enfant peuvent se déployer.
Aussi, les auteurs nous mentionnent que l’enthousiasme chez l’enfant ne se commande pas. Il se manifeste uniquement quand l’enfant est réellement intéressé par quelque chose qui est important pour lui, qui a du sens pour lui. Il est un être unique et cela va de soi qu’il soit animé personnellement. Cela semble évident mais malheureusement, il y a des travers éducatifs qui l’empêchent.
Comme mentionné ci-haut, le savoir inconscient continue à opérer et constitue un pilier pour l’éclosion des dons. Quelques exemples.
Être aimé et accepté tel qu’il est. Alors, l’enfant garde sa motivation intrinsèque et peut réaliser des œuvres personnelles. Être regardé comme un être cachant des trésors de compétences. Alors, l’enfant garde son élan inné pour apprendre. Être lui tout en regardant les grandes personnes, en train de résoudre des problèmes, de collaborer, de montrer de l’amour, de faire des gestes tendres. Alors, les neurones miroirs activent dans le cerveau de l’enfant la même zone du cerveau de la personne regardée. Il apprend le geste, l’attitude et vit l’émotion en étant en proximité. C’est une forme de communication directe de cerveau à cerveau et une forme d’imitation. Chanter, écouter des contes, danser, jouer, bricoler en relation. Alors, l’enfant vit un sentiment de faire ensemble qui apporte un bien-être, semblable à ce qu’il a connu dans l’antre maternel. Pourquoi tout ce que je viens d’énumérer enrichit le cerveau de l’enfant? C’est tout simple : les 2 besoins fondamentaux de l’enfant sont comblés : grandir tout en étant relié à maman, papa et autres personnes de référence.
Enfin les auteurs mettent en garde contre la tendance à vouloir que l’enfant fasse « ce qu’on dit et quand on le dit ». Les punitions et les récompenses utilisées dans ce sens sont néfastes. Les punitions empêchent les dons car engendrent peur et stress. Et elles sont une blessure infligée au besoin d’attachement. Quant aux récompenses, elles freinent le plaisir d’apprendre et le désir d’accomplissement personnel. À force de récompenses, l’enfant risque de négocier de plus en plus pour faire des choses. Les auteurs nous invitent à reconnaître le besoin d’autodétermination chez l’enfant qui est un besoin chez tout être humain.
De belles découvertes
Être aimé tel que je suis. Cela me fait penser à cette phrase: « Si je ne suis pas moi qui le sera! » 1
Connaître les fondements neurobiologiques de l’enthousiasme, cette « émotion intense qui pousse à l’action dans la joie » 2 est une clef extraordinaire pour aller à la rencontre de l’enfant.
Pour conclure
Quelle joie de percevoir l’enfant avec tout le potentiel qui se trouve en lui dès sa vie intra-utérine. Oui, oui, les auteurs parlent de quantité faramineuse (extraordinaire par son importance, sa grandeur) d’interconnexions disponibles dans son cerveau!
Quelle joie de savoir qu’à la naissance, il est déjà doué, et qu’il désire être en lien avec des adultes qui vont rendre possible tous ces possibles!
Quel espoir de penser que l’enfant a tout ce qu’il faut pour affronter les défis d’une société en manque d’air pur, d’eau cristalline, de sol biologique et de solidarité humaine!
Et comme Gerald Hüther et Uli Hausser, je crois que l’heure est venue pour nous, les adultes, de créer un monde où nos enfants pourront déployer tous les trésors qu’ils portent en eux.
1 H.D. Thoreau, philosophe, naturaliste et poète américain (1817-1862). Retour à Walden. Album Richard Séguin.
2 Le Nouveau Petit Robert de la langue française, 2007. p. 886