L’adulte court après le temps. La pression des diktats économiques et technologiques le comprime. Il faut aller vite tout le temps au nom de « l’efficacité » et du rendement. L’adulte rêve d’avoir du temps pour lui, son couple, ses enfants et ses amis mais il tourne en rond. Cette situation le stresse, le rend malade et malheureux.
Et qu’en est-il de l’enfant? Il vit dans ce tourbillon, loin de son rythme naturel d’apprentissage, alors que celui-ci lui est nécessaire pour se construire, garder sa curiosité et sa joie de vivre.
Il aime courir après les papillons, observer les fourmis, les coccinelles, la miette de pain sur le plancher, la poussière qui brille au soleil, son ombre sur le trottoir et il trouve cela de la plus haute importance. Il aime jouer et recommencer encore et encore. Il adore se raconter des histoires et pour lui ce ne sont pas des histoires, c’est sa réalité.
Pour rappel, jusqu’à l’âge de 5-6 ans, l’enfant n’a pas la notion de temps. Il a besoin d’être dans l’instant présent. Il a besoin de prendre son temps pour se développer. Son immaturité cérébrale ne lui permet pas d’anticiper ou de planifier. Les objectifs et la notion du devoir lui sont étrangers. Adulte et enfant partagent le quotidien mais avec une vision différente.
L’adulte a des contraintes et il pense que la meilleure façon de faire « mûrir » l’enfant, c’est de le pousser et de lui faire comprendre que la vie c’est comme ça. L’adulte souffre de la frénésie du monde mais il semble l’oublier quand il est en présence de l’enfant. Ce qui prime alors, « il faut bien qu’il apprenne, sinon il ne pourra jamais s’insérer sur le marché du travail et de faire quelque chose de sa vie ».
« Vite habille-toi, vite déjeune, vite c’est l’heure du bain, des devoirs, du repas, du coucher, veux-tu te dépêcher, arrête de niaiser, tu vas me mettre en retard » sont des propos que l’enfant entend couramment.
L’adulte ne comprend pas que l’enfant ne comprenne pas qu’il n’a pas le choix et il s’impatiente. L’enfant ne comprend pas que l’adulte ne comprenne pas qu’il n’a pas le choix (immaturité) et il s’énerve. Il y a conflit autour des temps. Adulte et enfant sont accablés l’un par l’autre et vice versa.
Ces situations qui se répètent jour après jour ont un impact sur la relation et sur l’enfant. Il se sent sous pression. Il ressent alors soit de la peur, de la colère, de la tristesse ou de l’angoisse. Les problèmes de sommeil, d’alimentation, de santé (maux de tête ou de ventre), des comportements de retrait, d’agressivité ou d’agitation en sont des manifestations.
Le non-respect du temps de l’enfant provoque chez lui un grand stress. L’adulte pris par ses contraintes et ses conditionnements ne voit pas que l’enfant exprime un mal-être. Et s’il le remarque et consulte, très vite un diagnostic tombe sans tenir compte du stress vécu. Alors l’enfant est vu comme celui ayant un problème et cela empêche le questionnement sur le mode de vie imposé à l’enfant.
L’adulte est lui aussi dans le mal-être de la vitesse et de la performance. Prendre le temps d’écouter l’enfant peut lui permettre de s’arrêter, de respirer et de se centrer sur ce qu’il désire vivre réellement et comment.
Considérer le temps de l’enfant comme précieux favorise la relation enfant-adulte et peut également faire progresser la société. En effet, l’adulte protecteur du temps de l’enfant va avoir la force de dire non à ce qui touche son intégrité et celle de sa famille.
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