Le précédent billet identifiait la peur sous différentes formes (celle d’être un mauvais parent, d’être jugé, d’être manipulé…), comme étant l’obstacle principal à l’amour inconditionnel. Reconnaître ses peurs, les affronter, donne la force d’aller vers un inconnu qui est la parentalité inconditionnelle.
Il y a essentiellement 3 principes qui la définit : aimer l’enfant tel qu’il est, lui donner des occasions de prendre des décisions et se mettre dans sa peau.
Aimer son enfant tel qu’il est
S’assurer qu’il se sente aimé inconditionnellement est plus difficile que l’aimer. Être là et s’ouvrir à toute sa personne sont 2 attitudes plus exigeantes que réagir à ce qu’il fait.
Le parent qui aime sans conditions est capable de voir le comportement « inapproprié » de son enfant, non pas comme un acte qui amène une infraction, une punition, mais bien comme une difficulté. Par exemple, comment réagir face à l’ainé qui tape sa petite sœur. Est-ce que le discours : « taper c’est mal » ou encore « tu es méchant » va l’aider? Non, il se sent fautif.
L’intention du parent est bonne. Il désire enseigner ce qui est bien et ce qui est mal. Cependant, les « leçons » ne peuvent rejoindre l’enfant car il vit une menace.
Dans cette situation, il a besoin que l’on s’approche de lui, qu’on l’entoure pour l’arrêter. L’enfant ressent notre chaleur, notre compréhension et cela le calme. Ensuite, qu’on nomme l’émotion en jeu (peur, colère, peine), l’enfant est alors davantage disponible à entendre que taper, ça fait mal.
Face aux « mauvaises conduites », il arrive que le parent porte un jugement alors que les comportements sont des façons d’exprimer des besoins, des émotions ou encore un manque d’habiletés lié à l’immaturité. L’acceptation inconditionnelle nous ouvre les yeux sur ces 3 aspects et sert de boussole pour soutenir l’enfant.
Cependant, même en sachant les raisons d’agir d’un enfant, il est nécessaire de prendre conscience de ses propres émotions. Comment rester zen quand ton enfant qui a « l’âge d’être propre », fait dans sa couche et en plus, te regarde et sourit? Comment rester calme quand ton enfant saute encore sur le divan, alors qu’il a une trampoline toute neuve? Comment rester zen quand ton enfant ne veut pas faire la sieste et qu’il s’endort à l’heure du souper? Comment rester calme quand ton enfant répond qu’il a passé une belle journée à l’école et que tu découvres les rouges dans son agenda?
Ces situations heurtent et plusieurs émotions sont présentes : dégoût, colère, peine et peur. De là, l’importance d’être à l’affût de ce que nous ressentons, et de dire ce que nous vivons, en parlant au « je ». Parler de nos sentiments (je suis fâché, je suis fatigué, je ne sais pas quoi faire, j’ai dépassé les limites) ne fait pas de mal à l’enfant. Ce qui fait mal, ce sont les mots employés. Être vrai fait écho à ce que l’enfant vit aussi. Il voit l’humain, son imperfection et se sent en confiance.
Lui donner des occasions de prendre des décisions
Un tout petit enfant sait quand il a faim, froid ou qu’il a besoin d’être dans les bras. Si nous l’écoutons, nous confirmons son ressenti et nous lui montrons qu’il a les atouts pour exprimer ce dont il a besoin.
En grandissant, l’enfant va manifester un grand désir de s’affirmer (par le non) et de prendre des initiatives. Bien souvent face à la volonté de faire à sa manière, l’adulte va l’empêcher et lui dire quoi faire. Il préconise l’obéissance plutôt que l’apprentissage de l’autonomie, c’est à dire lui donner les moyens pour qu’il se gouverne.
La période du non est vue comme un « terrible 2 ans » alors que l’enfant est dans l’affirmation, non pas dans l’opposition. Le « non » est signe d’une recherche de qui il est, de ce qu’il veut, ce qu’il aime, etc. Ce n’est pas un non contre le parent mais bien un oui pour lui-même.
Évidemment, il ne peut pas tout faire! Mais peut-on lui laisser l’opportunité de faire des choix à sa hauteur, en le respectant et en se respectant également. Selon les études en neurosciences affectives et sociales, l’individu qui n’a pas de choix ou trop de choix vit un stress (qui, si trop présent, aura un impact sur sa santé physique et psychologique). L’enfant est bien un individu, n’est-ce pas?
Les anciennes méthodes basées sur les ordres nuisent au développement du cerveau cognitif. En effet, « le cerveau frontal reste inactif »*. Quand on lui donne la possibilité de décider, le cerveau frontal est mobilisé pour penser, anticiper, prévoir. Ce qui permet de développer le sens de la responsabilité. Si la science ne se trompe pas, nous avons de bonnes raisons d’amener l’enfant à choisir. Ainsi, une fois devenu adolescent puis adulte, il sera capable de prendre des décisions qui lui correspondent.
Se mettre dans la peau de l’enfant
Pour rappel, la peau est l’organe le plus étendu du corps humain, lien précieux entre le soi et l’environnement. En conséquence, à chaque fois, que nous « enfilons sa peau », nous découvrons davantage qui il est et ce qu’il vit. L’enfant est d’abord sensori-moteur. Comment perçoit-il les odeurs, le toucher, les sons, les saveurs, la lumière et comment bouge-t-il, nous donne de multiples possibilités pour ressentir ses émotions et ses besoins. L’enfant possède son mode de « penser ». Suivons le fil de ses gestes, idées, activités pour mieux suivre le développement de son cerveau. Être dans une attitude de curiosité montre à l’enfant notre intérêt et notre désir de vivre ensemble de nouvelles expériences où enfant et parent s’apportent quelque chose. Ainsi l’interaction est au cœur de la relation.
Avoir la certitude d’être accepté et aimé tel qu’il est, représente pour l’enfant un élan de vie puissant. Il n’est pas aux prises avec des idées dévalorisantes, la peur de l’imposteur, le fatalisme, la passivité, la dépendance, l’anxiété. Il se sent légitime et respire la vitalité. Aimer son enfant tout simplement, c’est l’amour véritable et c’est un besoin fondamental.
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*Filliozat, Isabelle. J'ai tout essayé! Opposition, pleurs et crises de rage: traverser sans dommage la période de un à cinq ans. p. 62. Pour plus d'infos: Médiagraphie, Section Neurosciences affectives et sociales
Aimer son enfant tout simplement, c'est le PARC dit autrement.
Pour revoir les billets : P pour protection : Comment vivre un attachement en toute confiance, A pour Attention : Attention! L’attention est un besoin!, R pour réconfort : Réconforter, c’est bien plus que des becs!, et C pour Confiance : La confiance, un tremplin pour sauter dans la vie
Illustration de Charlotte Cottereau (https://cottereaucharlotte.wixsite.com/illustration), tirée de la série "L’expression des besoins" (2015) - Leila Lowie, d’après une création originale d’Evelyne de Wolf, Patricia Genus et Leila Lowie. Fédération des centres pluralistes de planning familial ASBL (fcppf.be)
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