Pour survivre, un enfant doit développer un lien d’attachement avec ses parents ou autres adultes qui s’occupent de lui. C’est une exigence de la nature humaine.
Pour grandir avec tout son potentiel (sans anxiété, sans dépendance, sans agressivité), l’enfant a besoin de se lier en toute confiance. C’est fondamental pour la création d’un lien d’attachement sécurisant.
Pour ce, il est nécessaire qu’il se sente en sécurité (Protection), qu’il se sente vu et compris (Attention) et qu’il se sente apaisé (Réconfort). Protection, Attention, Réconfort sont des ingrédients relationnels essentiels pour que naisse la Confiance. Les premières lettres de ces mots forment l’acronyme PARC*.
Pour intérioriser ces lettres, pour ressentir le PARC (espace naturel du lien sécurisant), l’enfant dans son cheminement vers l’autonomie et la liberté a besoin d’être accompagné d’un adulte qui y croit et qui agit en ce sens.
Aujourd’hui, j’aborde la Protection. Dans les prochains billets, je vais traiter des 3 autres aspects du PARC.
Les petits humains « savent » que la protection fait partie de la mission des grands humains. C’est profondément inscrit dans leur cerveau. Dès le début de la vie, l’enfant recherche le rapprochement avec son parent quand il se sent menacé. Cela peut être un son, une image, une odeur, une nouveauté, la faim, la solitude, la douleur, la tristesse, la séparation et bien d’autres choses. Une réponse sensible et en phase avec ce qu’il vit, le calme et lui donne espoir.
Ce type d’interactions, vécu durant les 3 premières années, tombe à point. Il arrive au moment où les circuits de régulation du cerveau se mettent en place. Le ressenti et le sentiment de sécurité qui s’installent à cette période vont grandement influencer la trajectoire de l’enfant, de l’adolescent et de l'adulte. La sécurité intérieure donne des ailes pour apprendre, pour développer ses talents et ses compétences sociales, pour améliorer sa capacité à résoudre les problèmes et pour se réguler émotionnellement. Des ailes pour profiter de la vie, quoi!
Alors comment protéger nos enfants? Le précieux P (pour Protection)
Essentiellement deux choses :
1) Préserver les enfants du danger
Offrir un toit, les nourrir, les soigner, éviter les aliments malsains, les protéger du froid ou du soleil sont des gestes qui protègent physiquement les enfants. Cette protection est importante car elle assure la survie et rassure l’enfant sur sa valeur (mon parent prend soin de mon corps = il prend soin de mon Je).
Une autre forme de protection tout aussi nécessaire est la vigilance du parent en ce qui concerne le contenu des films, jeux vidéo, photographies, réseaux sociaux. En effet, les enfants exposés à des situations qui dépassent leur capacité à comprendre, se sentent vite submergés et en danger (enfant menacé = agitation, retrait, agressivité, anxiété, sommeil ou alimentation perturbé). L’enfant a besoin de « l’écran » adulte pour voir la réalité humaine et progressivement l’intégrer.
2) Éviter de devenir pour les enfants une source de menace et de peur
L’enfant, vu son immaturité et son grand désir de tout voir et de tout toucher, représente un défi pour l’adulte. Ce dernier peut être vite dépassé par certains comportements. Alors, il se tourne « automatiquement » vers sa propre éducation ou celle encore dominante dans notre société, soit l’obéissance et les sanctions. Les menaces (si tu continues tu vas voir ce qui va t’arriver), les éclats de voix, les humiliations, les yeux méchants, les parents qui se crient dessus, l’utilisation de techniques fondées sur la peur pour « discipliner », la rudesse physique, l’isolement, provoquent chez l’enfant une incompréhension et un sentiment de crainte. Le parent, qui a pour mission de le protéger, devient une « alarme » pour lui. Si cela se produit régulièrement, l’enfant souffre d’une grande insécurité et se comporte comme s’il était en danger.
Quel parent n’a pas crié, quel parent n’a pas utilisé des mots blessants, quel parent n’a pas « pêté les plombs »? Le parent commet des erreurs, il n’est pas parfait. Alors quoi faire?
C’est tout simple, cela s’appelle la réparation. Reconnaitre, prendre la responsabilité, s’excuser, c’est réparer. Tout d’abord, quand il y a reconnaissance, il y a habituellement diminution des erreurs. Ce n’est pas rien. Ensuite, accepter les erreurs commises, nous sort du mode déni (il va oublier, ce n’est pas si grave) et nous fait entrer dans le mode « remise en état de la relation ». Un enfant en présence d’un parent qui répare, apprend à tolérer les tensions car il expérimente la réconciliation. Son sentiment de sécurité est préservé et sa relation avec le parent se consolide.
Pour pouvoir réparer, l’adulte prend conscience de ses réactions impulsives et désire faire autrement. Réfléchir à son vécu d’enfant, Repérer les adaptations nuisibles et Respirer profondément (les émotions viennent du corps) sont des moyens simples à portée de toutes et de tous.
Aussi, savoir que l'être humain nait avec la capacité d’amour et d’attention permet de croire au changement personnel. Nous avons cette ressource en nous, il s’agit d’aller la chercher et de s’y connecter.
Il n’est jamais trop tard pour changer. Se transformer pour être une source de sécurité pour nos enfants, c’est formidable! N’est-ce pas le rêve de tout parent? N’est-ce pas l’espoir de tout enfant?
*L’acronyme PARC n’est pas mon idée. J’aurais tellement aimé que ça vienne de moi. Mais non, elle est tirée de ce livre :
Siegel, Daniel J. et Payne Bryson, Tina. L’attachement : Comment créer ce lien qui donne confiance à votre enfant pour la vie. Pour plus d’infos : Médiagraphie, section Attachement
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