Épidémiologie

J'ai choisi ce livre, parce qu’il présente un autre point de vue sur les causes de la maladie.  L’auteur, épidémiologiste anglais, rappelle que les soins médicaux ne peuvent à eux-seuls garantir la santé et, son analyse va au-delà des habitudes de vie. Il identifie trois facteurs psychosociaux déterminants pour notre santé : le statut social, l’isolement et les difficultés des premiers temps de vie.  

 

Le statut social

L’auteur attire notre attention sur ce qu’il représente en termes de position sociale au sein d’une organisation ou d’une société donnée. Cette position sociale permet le pouvoir ou pas, certains privilèges ou pas, d’être admiré ou pas.  Avoir un statut valorisé présente également des avantages sur le plan de la qualité et de l’espérance de vie. À l’inverse, avoir un statut social inférieur dans la hiérarchie engendre un stress. Si cette situation de non-reconnaissance perdure, le stress chronique s’installe et, avec le temps, apparaissent différents symptômes physiques et émotionnels.

 

L’auteur nous montre aussi les effets néfastes d’une autorité contraignante dans les milieux de travail. Les effets les plus courants

sont : se sentir déposséder, vivre des sentiments d’inutilité, de colère et d’hostilité. À moyen et long terme, cette incapacité de prendre des initiatives, d’apporter son point de vue risquent d’entraîner des problèmes de santé et différents comportements défensifs, tels le retrait, l’opposition, l’agressivité et la passivité. 

 

Réflexion

Quelle est la position sociale de l’enfant dans notre société? Est-il reconnu comme une personne ayant des mérites, des compétences spécifiques? Comment son statut de « mineur » l’affecte? Je suis d’avis que l’enfant n’a pas sa juste place et qu’il en souffre.

 

Que penser des effets d’une autorité qui contraint l’enfant c’est-à-dire qui l’oblige, qui l’amène à agir d’une telle façon, contre sa volonté. Se peut-il que lui aussi développe des maux physiques et les mêmes comportements défensifs que ceux de l’adulte ? Mon expérience professionnelle me le confirme.

 

L’isolement

L’ouvrage révèle que les personnes isolées socialement sont plus à risque de tomber malade et prennent plus de temps à se rétablir. Elles ressentent l’exclusion sociale dans leur tête et leur corps. Elles éprouvent une réelle douleur. Être humain c’est être social. Les amis, les confidents, la participation à la vie collective et la coopération sont essentiels pour garantir son bien-être.

 

Réflexion

En éducation, la pratique de mise à l’écart, ou de confinement de l’enfant dans une pièce, est assez courante. Peut-on associer cette expérience à celle de l’isolement social? Il semble que oui. L’enfant est dépendant de l’adulte, l’éloignement déclenche dans son cerveau, l’alarme de séparation (peur d’être abandonné). De plus, « son temps » n’est pas le même que celui de l’adulte. Rapidement, il se sent oublié et la peur l’envahit. L’éloignement fait résonner une autre alarme, celle de la frustration (rumination ou agressivité). En effet, l’enfant vit de l’incompréhension : les personnes qui l’isolent sont celles avec qui, il a développé des liens affectifs privilégiés. Par son immaturité et par son besoin vital d’être en proximité, l’enfant vit un gros stress.

 

Les difficultés des premiers temps de vie

L’auteur fait référence aux travaux de David Barker, épidémiologiste britannique. Ce dernier a étudié les impacts du faible poids à la naissance dans la vie des personnes : risque de déséquilibre (affectif et comportemental) durant la petite enfance et de maladie à l’âge adulte. Le faible poids s’explique surtout par l’anxiété vécue par la mère pendant la grossesse car elle entraîne un niveau élevé de cortisol. Le bébé partage à la fois l’inquiétude de sa mère et son stress. L’auteur aborde aussi le stress vécu (plus particulièrement le manque d’affection, les conflits familiaux, la perte d’un parent) durant la petite enfance et ses conséquences sur le bien-être de l’adulte.

 

Enfin, l’auteur décrit comment ces réalités sociales ont un impact sur la façon dont chaque être humain se perçoit à travers le regard d’autrui. Être regardé par les filtres sociaux ou ne pas être regardé (isolement social) apporte de l’inquiétude. Si le regard d’autrui est marqué par le mépris, « les standards de l’apparence » l’indifférence, l’oubli ou le blâme, la personne vit de l’angoisse, qui peu à peu, « se glisse sous la peau » et a une incidence sur la santé.

 

Réflexion

Cette notion du regard d’autrui nous rappelle que le petit enfant grandit à travers les premiers regards rencontrés, celui de sa mère et de son père. Le petit enfant qui regarde le parent le regarder se construit. À chaque fois qu’il voit dans le regard de son parent des étoiles, ses propres étoiles s’allument (Voir le titre de mon blogue). Alors, il se sent bien, fort, confiant, prêt à découvrir le monde et à apporter sa propre contribution. Il est relié affectivement, il a sa place et dans le regard du parent, il se voit digne. Ces expériences d’interactions « se glissent aussi sous sa peau ».

 

Pour conclure

L’être humain est sensible à l’univers social à tel point qu’il peut en devenir malade. Cette sensibilité peut aussi apporter toutes sortes d’opportunités pour vivre heureux et en santé. À nous d’y voir. Il s’agit de prendre soin des mères qui portent et donnent la vie, de soutenir les parents et les adultes dans leurs efforts pour offrir aux enfants une enfance heureuse, de favoriser les amitiés et de maintenir notre projet d’une société égalitaire.