Attachement
Équidignité
Base scientifique:
Dans la relation entre adultes et enfants - mais aussi entre hommes et femmes – le problème est qu’il y a une grande discordance entre ce qui est socialement et culturellement reconnu comme agressions et ce qui est en fait une agression. Les conduites qui sont habituellement considérées comme des agressions sont très peu nombreuses, par comparaison avec le nombre d’agressions bien réelles. On trouve trois types d’atteinte à l’intégrité des enfants : celles qu’on n’accepte pas (par exemple la violence physique excessive, les abus sexuels et le défaut de soins); celles qui sont acceptées (beaucoup que nous appelons « bonne » ou « indispensable » éducation); celles qui relèvent d’une idéologie (enrôlement politique ou religieux forcé).
Regarde... ton enfant est compétent: renouveler la parentalité et l'éducation
Jesper JUUL. p.58
J'ai choisi cet auteur parce qu’il était thérapeute familial originaire du Danemark et parce qu’il a écrit plusieurs ouvrages portant sur les valeurs et la vie en famille. Je l'apprécie aussi parce qu’il se réfère à l’histoire et aux récentes découvertes en sciences humaines et en neurosciences.
Quelques données historiques
Jesper Juul souligne que la famille, pendant des centaines d’années, a été basée sur l’autoritarisme. La structure du pouvoir était totalitaire. L’enfant différent ou refusant de se plier était vite mis au pas par les violences physiques ou par une restriction de liberté.
Au cours du XXe siècle, la famille devient peu à peu moins autocratique sans pourtant changer la conception du pouvoir. Les méthodes éducatives apparaissent dans ce contexte, dont celle de la méthode du front uni, présentée comme nécessaire, pour éviter que l’enfant prenne le contrôle en montant les parents l’un contre l’autre. Ces méthodes suggèrent que l’enfant doit correspondre à tel standard et qu’il doit se comporter de telle manière. Elles placent ainsi l’enfant dans un état d’objet. Si l’enfant résiste, alors il est fautif et il doit en subir les conséquences : punitions, mises à l’écart, menaces, humiliations.
Dans le discours des adultes, l’âge de 2 ans et l’âge de l’adolescence sont présentés en des termes dévalorisants : en conflit, fait à sa tête, instable, intense, et pour l’adolescence, les hormones. La notion de l’âge de l’opposition ou de conflit est une manière de dire : ne remet pas en question mon autorité. C’est un discours typique des puissants à propos de leurs sujets pénibles ! 1
L’auteur fait ressortir qu’à 2 ans et à l’adolescence, l’être humain traverse une étape obligée de son développement: s’affirmer, s’individuer et devenir un être autonome. Prétendre que ces âges sont problématiques a des effets sur l’enfant, l’adolescent, la relation et les parents. Ces derniers adoptent une position défensive (critiques ou menaces), la relation est empreinte d’incompréhension et de peur et le développement d’une personnalité unique est compromis.
La conception de l’autorité, la vision de ce qu’est un enfant et les méthodes engendrent des gestes, des paroles, des attitudes qui portent atteinte à l’intégrité de l’enfant. Cela fait partie des agressions qui sont acceptées.
L’équidignité : une valeur nouvelle et inspirante
Les besoins, les désirs et les différences individuelles sont au cœur des aspirations contemporaines. L’auteur montre que celles-ci peuvent se réaliser à l’intérieur de la famille avec l’équidignité.
L’équidignité signifie la reconnaissance d’une dignité commune et semblable entre les partenaires d’une relation. Elle favorise un dialogue, où l’enfant est pris au sérieux i-e, une reconnaissance de son droit d’avoir un besoin, un désir, un vécu, un sentiment et de son droit de les exprimer. Quant à l’adulte, il voit le besoin, le désir du point de vue de l’enfant ; il est attentif à son expression (non pas chercher s’il est coupable) et donne une réponse qui a du sens, à l’enfant et à lui-même.
L’équidignité voit les différences comme une force pour le groupe. Le parent ayant vécu dans une famille où l’uniformité était un idéal et la diversité une menace peut éprouver des difficultés. Elles sont cependant surmontables si le parent prend le temps d’examiner ses stratégies de survie et fait le choix de se comporter de façon éthique avec son enfant.
L’auteur nous rappelle que nous sommes les adultes et que nous avons le pouvoir (économique, social) dans la famille. Il s’agit d’en prendre conscience et de l’utiliser de façon constructive. Cela veut dire que s’il y a des difficultés, le parent en prend la responsabilité. Il se mobilise pour comprendre, pour se mettre davantage à l’écoute des messages verbaux et somatiques de l’enfant et pour établir un dialogue. Le fait de prendre la responsabilité peut entraîner de la culpabilité. Encore là, c’est mieux que ce soit l’adulte qui la porte (il a les acquis suffisants) et la culpabilité en soi n’est pas un problème si nous l’utilisons pour passer à l’action.
Jesper Juul parle aussi du besoin des enfants de vivre avec des personnes vraies et non avec des personnes qui jouent un rôle. Les enfants sont rassurés de vivre avec des adultes authentiques, capables d’exprimer leurs limites et leurs valeurs, de prendre en charge leurs propres sentiments et besoins. Ce faisant les parents sont capables d’une autorité personnelle et les enfants se sentent en sécurité car ils savent à qui ils ont affaire.
Il souligne que l’autorité personnelle se distingue par la capacité de dire « non » dans le respect et de dire « oui » aux besoins. Cette autorité est capable de voir les conflits comme naturels et enrichissants. L’autorité personnelle suppose une estime de soi (notre savoir et notre vécu, qui nous sommes). Jesper Jull suggère de travailler à bien se connaître au lieu d’essayer d’être correct.
De belles découvertes
L’équidignité est plus qu’un concept, c’est une valeur et un besoin. Je suis vu et reconnu tel que je suis et je ressens que j’ai de la valeur pour les autres tel que je suis.
L’autorité personnelle, une bouffée d’air. J'aime cet exemple : un enfant est prêt à respecter une règle parce qu’il respecte la personne qui donne la règle. Respecter une règle pour une règle n’a pas de sens pour l’enfant. Il est un être relationnel dans toute sa grandeur.
Pour conclure
Je retiens que l’adulte est responsable de la qualité de la relation.
Je perçois la force de cette responsabilité car elle entraîne la responsabilité chez l’enfant. Progressivement, il développe lui aussi une responsabilité personnelle : responsabilité de sa santé et de son développement (physique, psychique, mental et spirituel).
1 p.20